Dans le cadre de la semaine du développement durable dans le 14ème, nous avons souhaité cette année mettre en lumière la nécessité de réduire le gaspillage alimentaire, et montrer que des actions très concrètes étaient possibles à l’échelle d’un arrondissement.
Les chiffres donnent le vertige : à l’échelle mondiale, on estime en effet que près de 50% de la production alimentaire est gaspillée, perdue, jetée, entre les champs et l’assiette. Et À Paris plus spécifiquement, chaque habitant jetterait en moyenne chaque année plus de 10 kilos de nourriture encore propre à la consommation.
Heureusement, la société prend conscience de ce problème et s’organise. Pouvoirs publics, entreprises, associations ou simples particuliers : tout le monde est concerné. Le cadre législatif se fait d’ailleurs de plus en plus contraignant, notamment depuis le mois de février dernier, avec la loi relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire, qui interdit aux commerces de rendre leurs invendus impropres à la consommation et les incite à conclure des partenariats avec des associations impliquées dans la récupération et la redistribution de ces denrées alimentaires.
Dimanche 5 juin, nous avons donc décidé de monter une opération avec les associations biocycle et food2rue, pour montrer qu’un réseau local de récupération/transformation/redistribution des invendus alimentaires était possible à l’échelle du 14ème arrondissement. Retour en image sur cette journée.
Depuis quelques mois, le site de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul commence à regagner des habitantes et habitants. Grâce à l’action conjointe de l’association Aurore, gestionnaire du site, et de Plateau Urbain, qui fait office d’agent immobilier, en lien avec les mairies de Paris et du 14ème arrondissement, de multiples structures se sont installées dans des bâtiments trop longtemps restés vides.
Particularité de ces locataires? Ce sont majoritairement des acteurs de l’économie sociale et solidaire, qui peuvent s’installer ici à un prix accessible grâce au travail de l’association Plateau Urbain, qui leur propose des baux précaires en occupation temporaire, comme l’explique très bien le journal Libération.
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Une nouvelle dynamique au nord du 14ème
Conséquence? Une dynamique solidaire et écologique est en train de se développer au nord du 14ème, dans un quartier pourtant très enclavé derrière de hauts murs. Cohabitent en effet sur le site des acteurs de la solidarité comme Aurore, Nova Donna où les Enfants du canal, qui viennent en aide à des personnes en situation de grande précarité. Des associations travaillant sur la récupération et le recyclage, telles Rejoué, la ressourcerie créative, ou encore Carton Plein. Des ateliers d’artistes et de sérigraphie, un espace de co-working, une école pour entrepreneurs sociaux (les Alchimistes), des centres de formation et de loisirs axés sur les questions environnementales et numériques (Les petits débrouillards, l’Esprit sorcier)…et la liste est encore longue!
Pour le 14ème arrondissement, c’est une chance que de pouvoir bénéficier d’une telle émulation, d’autant plus que le collectif Yes We Camp, présent sur place, a commencé à aménager les espaces extérieurs, et propose des lieux de convivialité ouverts à tous, notamment un café associatif, le tout dans le cadre d’un projet intitulé « Les Grands Voisins ».
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Une opportunité de rendre l’urbanisme plus participatif
Tous ces acteurs vont venir enrichir la réflexion collective sur le futur écoquartier Saint-Vincent-de-Paul, de par leur connaissance des questions sociales et environnementales, et de par leur culture de l’implication citoyenne. C’est donc l’occasion de rendre accessible à la population un certain nombre de questions liées à l’aménagement d’un quartier, et d’impliquer étroitement les habitantes et habitants sur un projet de ville, comme je l’expliquais dans un précédent article.
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Pôle de solidarité contre pôle de compétitivité
C’est pour toutes ces raisons que l’on pourrait qualifier Saint-Vincent-de-Paul de véritable pôle écologique et solidaire, en opposition à l’idée de « pôle de compétitivité », si à la mode aujourd’hui. Dans une économie particulièrement dérégulée et mondialisée, les territoires sont en effet en concurrence pour attirer les entreprises. Ce qui a deux conséquences : les phénomènes de dumping sociaux et fiscaux (pressions à la baisse sur les salaires des travailleurs et les taux d’imposition), et volonté de constituer des territoires spécialisés dans certains secteurs de production, capables de fabriquer des produits qui seront leaders sur les marchés mondiaux. L’idée de ces pôles de compétitivité est donc de concentrer de multiples ressources sur une même zone géographique (universités, centres de recherche, entreprises, infrastructures de transport et de communication…) pour aboutir à cet unique objectif : vendre toujours plus de marchandises.
À la logique de la compétitivité, il est nécessaire d’opposer celle de la solidarité, et de mettre en place des pôles d’activités alternatifs, pleinement respectueux des êtres humains et de l’environnement, qui inscrivent leurs actions dans le territoire où ils sont implantés. Ce territoire n’est alors plus considéré comme un simple support d’une économie hyper-marchande, mais comme un écosystème où du lien social se tisse.